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les animaux, même les plus sauvages. Allons, me dit le paillard, en se retirant, me voilà suffisamment excité ; et revêtu de sa peau de tigre, dont les quatre pattes étaient armées d’ongles monstrueux, et le muffle arrangé de façon, qu’il peut mordre de sa bouche tout ce qu’il atteint, arrangé, dis-je, de cette manière, et moi le suivant nue, armée d’un immense gourdin, dont je devais réveiller sa paresse, nous entrons : Zanetti est la première sur laquelle il se jette ; il lui emporte un teton de ses griffes, et la mord à l’instant sur les fesses, avec tant de violence, que le sang coule tout de suite… Ah ! je suis perdue, s’écrie cette infortunée, je suis perdue, Juliette, et c’est vous qui me trahissez ! j’aurais dû m’en douter. Oh ciel ! à quoi dois-je m’attendre ?… Ce monstre, que j’ai tant aimé, voilà donc ce qu’il me prépare, et chacune de ces jérémiades était accompagnée des plus affreux traitemens. Moberti, cependant, laisse une minute respirer sa victime, pour se jeter avidemment sur les autres objets qui l’entourent. Angélique et sa fille veulent fuir… Comment échapper à la rage de ce furieux ; il les considère, mais ce