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à jeter les cadavres dans la mer, et de nous enseigner ensuite tous les détours, toutes les cachettes et toutes les chambres du château ; il doit y avoir ici des trésors, il nous les faut ; commence par nous dire s’il y a d’autres êtres ici que nous ? — Maintenant, non, mesdames, nous répondit la vieille en tremblant, il n’y a plus que moi de domestique dans la maison. — Que veux-tu dire par là : y aurait-il donc d’autres maîtres ? Je crois, nous dit la vieille, qu’il y a encore quelques victimes ; au reste, promettez-moi la vie, je vais vous mener par-tout. Nous nous débarrassâmes d’abord des cadavres ; et tout en agissant, ton maître, dîmes-nous, venait-il souvent à cette maison ? — Trois fois par semaine. — Et d’affreux massacres à chaque visite ? — Vous l’avez vu ; venez, poursuivit cette femme, quand notre première opération fut faite, je vais vous mener dans les cachots, vous y trouverez encore du gibier. C’était-là, qu’à plus de cent pieds sous terre, le scélérat enfermait et cachait ses victimes ; toutes étaient dans des prisons séparées, et sur douze de ces chambres, nous en trouvâmes neuf remplies ; cinq contenaient de très-