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avec autant de rage et de fureur. Trop funeste inconséquence des passions, voilà donc où vous nous portez ! Inconnue de moi, j’eusse peut-être éprouvé, pour cette créature, quelques sentimens d’indulgence ; mais il est inoui ce qu’on invente, ce qu’on dit, ce qu’on fait, quand c’est le dégoût qui flétrit les tendres roses de l’amour.

Elise, noyée dans son sang, respirait cependant encore ; Cordelli la considère avec délices dans cette voluptueuse angoisse : le crime aime à jouir de son ouvrage, tout ce qui l’assure, tout ce qui le contente, devient une jouissance pour lui. Il m’oblige à le branler sur elle ; il imbibe, avec volupté, son vit du sang que sa main fait couler, et l’achève enfin à coups de poignards.

Un des jeunes garçons remplace ma tribade. Cordelli fait ouvrir les fenêtres du côté de la mer : on attache l’enfant à une corde que tient une poulie, au moyen de laquelle on le laisse brusquement tomber à cinquante pieds de hauteur. Là, Cordelli lui crie de se préparer, en lui faisant voir qu’armé d’un couteau, il peut au plus petit mouvement de sa volonté l’engloutir à jamais dans les flots. L’enfant crie ; je branle Cordelli ; il