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n’aurais-je donc pas d’éternels reproches à me faire, si je te faisais manquer ta fortune ? — Je ne veux point de fortune, madame, je ne réclame que la grâce de ne vous abandonner de ma vie… Elise, dit Durand, tu aimes donc bien Juliette ? — Hélas ! madame, je lui dois la vie, j’étais perdue sans elle ; c’est elle qui a retiré Raimonde et moi de chez un brigand, qui nous aurait infailliblement massacrées, et quand la reconnaissance se joint aux sentimens naturels du cœur, vous imaginez bien, madame, que la plus ardente amitié doit en être le fruit. Il faut cependant vous quitter, dit la Durand avec méchanceté, il le faut très-promptement. Je bandais, Durand s’en apperçut ; passe dans une autre chambre avec elle, me dit mon amie, tout bas, je vais me branler avec Raimonde.

À peine fus-je seule avec Elise, que je sentis la fureur s’emparer de mes sens ; cette belle fille me baisait en pleurant, je la maltraitai ; et sentant mon foutre couler aux premiers coups que je lui donnais, je redoublai. En vérité, lui dis-je durement, vos sentimens pour moi me surprennent, car il s’en faut que les miens y répondent : vous