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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


l’entreprendre à table et l’humilier devant sa déesse. — Président, lui dit-il, je reçois à l’instant des nouvelles affligeantes pour vous. — Comment donc ? — On assure que le parlement d’Aix va être supprimé ; le public se plaint qu’il est inutile, Aix a bien moins besoin d’un parlement que Lyon, et cette dernière ville, beaucoup trop loin de Paris pour en dépendre, englobera toute la Provence ; elle la domine, elle est positivement placée comme il le faut pour recéler dans son sein les juges d’une province aussi importante. — Cet arrangement n’a pas le sens commun. — Il est sage, Aix est au bout du monde, quelle que soit la partie qu’habite un Provençal, il n’y en a point qui n’aimât mieux venir à Lyon pour ses affaires, que dans votre bourbier d’Aix ; des chemins épouvantables, point de pont sur cette Durance qui comme vos têtes se dérange neuf mois de l’année, et puis des torts particuliers, je ne vous le cache pas ; d’abord on blâme votre composition, il n’y a pas dit-on dans tout le parlement d’Aix un seul individu qui puisse se nommer… des marchands de thon, des matelots, des contrebandiers, en un mot une troupe de coquins méprisables à laquelle la noblesse ne veut point avoir affaire et qui vexe le peuple pour se dédommager du discrédit dans