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SOIT FAIT AINSI QU’IL EST REQUIS


Ma fille, dit la baronne de Fréval à l’aînée de ses enfants qui allait se marier le lendemain, vous êtes comme un ange, à peine atteignez-vous votre treizième année, il est impossible d’être plus fraîche et plus mignonne, il semble que l’amour même se soit plu à dessiner vos traits, et cependant vous voilà contrainte à devenir demain la femme d’un vieux robin dont les manies sont fort suspectes… C’est un arrangement qui me déplaît fort, mais votre père le veut, je voulais faire de vous une femme de condition et point du tout, vous voilà destinée à traîner toute votre vie le pesant titre de présidente… Ce qui me désespère encore c’est que peut-être ne le serez-vous jamais qu’à moitié… la pudeur m’empêche de vous expliquer cela, ma fille… mais c’est que ces vieux coquins qui font métier de juger les autres sans savoir se juger eux-mêmes, ont tous des fantaisies si baroques,