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ISABELLE DE BAVIÈRE

Isabelle sentit que le premier usage qu’elle devait faire de sa puissance était d’avoir l’air, aux yeux de Valentine, de venger le duc d’Orléans.

À cet effet, on tint un Lit de justice, composé des mêmes personnes qui venaient de paraître. La première chose dont il y fut question fut de réfuter avec force l’infernal discours du cordelier Jean Petit ; on décida, ensuite, qu’à genoux et la tête découverte le duc de Bourgogne demanderait pardon au roi et à la veuve du duc d’Orléans, cérémonie qui serait répétée dans tous les endroits les plus apparents de la ville et principalement où s’était commis le meurtre. On ajouta que les maisons de ce prince seraient rasées, qu’il serait tenu à plusieurs legs pieux, exilé pendant vingt ans, à l’expiration desquels il lui serait défendu d’approcher de cent lieues des endroits où seraient le roi, la reine et la duchesse d’Orléans. Et ici, remarquent avec bénignité nos prudents historiens, on observa que la reine mit plus de chaleur à cette condamnation que la veuve elle-même ; il faut assurément bien peu connaître Isabelle pour ne pas la croire capable d’une dissimulation si nécessaire au succès de ses plans. « Cette animosité, poursuivent ces bénévoles historiens, la justifiait pleinement de tous les soupçons formés tant sur