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LA

FEMME SÉPARÉE


Le dos tourné à la forêt, je m’étais assis sur une des pierres qui parsemaient le penchant de la colline et d’où je pouvais à merveille étudier le paysage qui se déroulait devant mes yeux, inondé d’une clarté printanière.

À mes pieds s’étendait un champ fraîchement labouré, dont les mottes de terre grasse avaient des reflets de vieux bronze ; à mes côtés se dressait une pauvre petite chaumière au toit déjeté et noirci, entourée d’un jardin et de quelques arbres fruitiers. Aussi loin que le regard pouvait s’étendre, se montraient de vertes prairies, où le soleil jetait parfois brusquement comme des vagues de lumière, et où une brise douce et humide courait, soulevant des tourbillons de bonnes odeurs. De petits hameaux, des propriétés seigneuriales, des dépendances y étaient disséminés au hasard, et avaient l’air de grandes pièces de toiles posées sur le gazon pour y blanchir. Autour de moi, se balan-