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chercher dans ses bois, pour le faire rentrer dans le monde et dans la guerre par ce côté-là.

Voilà vos lettres du 27è. Vous êtes malade, ma chère enfant ; vous dites quelquefois que votre estomac vous parle ; vous voyez que votre tête vous parle aussi : on ne peut pas vous dire plus nettement que vous la cassez, que vous la mettez en pièces, qu’en vous faisant une grande douleur toutes les fois que vous voulez lire, et surtout écrire, et qu’en vous laissant en repos dès que vous l’y laissez[1], et que vous quittez ces exercices violents, car ils le sont. Cette pauvre tête, si bonne, si bien faite, si capable des plus grandes choses, vous demande quartier : ce n’est point s’expliquer en termes ambigus. Ayez donc pitié d’elle, ma très-chère ; ne croyez point que ce soit chose possible que de vaquer à nos deux commerces, et à tous les paris de traverse[2] qui arrivent chaque jour[3], et à Mine de Vins, et trois fois la semaine : ce n’est pas vivre, c’est mourir pour nous ; cela est fort obligeant. Quand je vous vois employer du grand papier en écrivant[4], il me semble que je vous vois montée sur vos grands chevaux : vous galopez sur le bon pied, je l’avoue, mais vous allez trop loin, et je n’en puis plus souffrir les conséquences. Ayez donc pitié de vous et de nous. Pour moi, s’il falloit, quand je vous ai écrit,

  1. 3. « …une grande douleur, soit que vous lisez, soit que vous écriviez trop ; elle vous laisse en repos quand vous l'y laissez, etc. (Edition de 1754.) »
  2. 4. « On dit au jeu, des paris de traverse, pour dire : des paris qui ne sont pas au courant du jeu qu'on joue. » (Dictionnaire de l'Académie de 1718.)
  3. 5. « tous les jours. (Edition de 1754.) -- Ce qui suit :« et à Mme de Vins et trois fois la semaine, » n'est pas dans l'impression de 1737.
  4. 6. «  Quand je vous vois écrire sur du grand papier.»