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de Bacchus, qui a conservé toute sa forme ancienne, et mémorable encore pour un magnifique tombeau de porphyre, vulgairement appelé le tombeau de Bacchus, qui s’y voit ; ainsi donc nous allons fricasser aujourd’hui dans ce lieu-là ; mais j’ai ordonné de la fricassée, car nous ne voulons ni multitude de plats, ni multitude de viandes, et j’ai pris soin encore du vin, car le bon cardinal s’entend en bonne chère comme à ramer des choux : il laisse faire ses gens, et ses gens abusent de son ignorance ; ainsi je me suis rendu maître de la fête, et je crois que vous approuvez mon procédé.

Je l’embrassai hier de tout mon cœur, comme vous me l’aviez ordonné, et à votre intention, et il me le rendit bien ; il est en vérité le meilleur homme du monde, mais trop agissant et trop vif pour les affaires de ce pays-çi. Il faut espérer cependant que tout ira bien, et que nous profiterons bientôt de la permission que Monsieur l’ambassadeur a déjà de songer à son retour.

Vous me faites un grand plaisir, Monsieur, de m’assurer que vous m’aimez toujours, et que je me retrouverai auprès de vous avec les mêmes agréments et la même liberté dont vous m’avez honoré ; en vérité, j’aurai une sensible joie de vous revoir, et cette savante Mme de Lamoignon[1] pour qui j’ai toujours ce je ne sais quoi dont le P. Bouhours, quoi qu’il puisse dire, ne trouvera jamais la définition.

    l’église de Sainte-Constance, construite au quatrième siècle pour servir de tombeau aux membres de la famille de Constantin. D’après une ancienne croyance, encore aujourd’hui populaire, cette église de Sainte-Constance aurait été primitivement, comme le dit Coulanges, un temple de Bacchus. Cette tradition s’explique par une fausse interprétation des peintures de la voûte de l’église, et surtout des bas-reliefs du magnifique sarcophage de porphyre de sainte Constance, dans lesquels on voit des génies ailés occupés à la vendange, et des guirlandes supportées par des masques bachiques.

  1. 7. Marie-Jeanne Voisin : voyez tome VII, p. 385, note 4.