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M. de la Garde, la glu du faubourg Saint-Jacques[1] sur cela, il n’y a rien à faire ni à prévoir, c’est l’affaire du Saint-Esprit. Je veux savoir qui est cette maîtresse de mon fils, que M. de Grignan a nommée si naturellement de ce nom, qu’elle ne méritoit peut-être pas ; car nous l’assurons qu’il a cru être amoureux, et qu’il ne l’a jamais été. Je vous réponds qu’il ne connoît le véritable attachement du cœur que depuis qu’il est marié, ce qui fait le bonheur de sa femme et le sien.

DE CHARLES, DE SÉVIGNÉ A MADAME DE GRIGNAN.

Ah ! me voilà justement arrivé comme on parle de moi : je prends la plume, et j’interromps le discours, qui me paroit toujours trop long quand j’en suis le sujet. Je commence par vous dire, ma petite sœur, que toutes vos réflexions sur le mystique du diable sont charmantes : il néglige tout ce que le vulgaire appelle les premiers devoirs, et va de plein vol se loger dans le septième appartement de sainte Thérèse[2], où il distille et souffle tout de son mieux. Il en est encore à la fausse monnoie ; nous verrons s’il parviendra un jour à la pierre philosophale. Quelle étoit donc cette maîtresse que M. de Grignan prenoit la liberté de nommer si familièrement devant Monsieur d’Auch[3] ? Ne l’aviez-vous point dans l’esprit, quand

  1. 12. Ce quartier était principalement habité par des personnes retirées du monde, qui ne s’occupaient que du soin de leur salut. On accusait cette société d’être très-attachée aux principes de Port-Royal. (Note de l'édition de 1818.) Voyez les lettres des 15 et 17 novembre 1688, tome VIII, p. 262 et 267.
  2. 13. La septième demeure du Château intérieur : voyez tome VIII, p. 123, note 3.
  3. L’ancien évêque de Saint-Omer, nommé sans doute, à la mort de Henri de Lamotte Houdancourt (1684), archevêque d’Auch, mais qui, comme tant d’autres, n’avait pas encore ses bulles. Voyez tome VI, p. 198, note 26.