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la mienne est toujours parfaite. Ma belle-fille vous dit mille douceurs; nous avons été seules, et nous avons pris courage; nous nous sommes fort bien passées de mon fils.

1215. DE MADAME DE SÉVTGNÉ

A MADAME DE GRIGNÀN.

Aux Rochers, mercredi 14è septembre.

JE suis toujours attristée, ma fille, quand quelqu’une de vos lettres s’égare : cela me fait perdre le fil d’une conversation qui étoit toute liée, et qui fait ma joie et mon divertissement. Quand on est d’une société, comme je suis de celle de Grignan, qu’on y prend intérêt, qu’on y est attentive, la perte d’une lettre n’est pas une chose indifférente ; mais que faire à tout cela ? prendre patience, souffrir ces petites peines attachées à de plus grandes, tâcher, si Dieu le veut[1] de se revoir, de se retrouver, et ne pas prendre le parti trop violent du petit ROchebonne[2] : Il faut se quitter, il ne faut plus s'aimer ; c’est un petit emporté qui ne veut rien souffrir. Pour moi, je dirai : II faut toujours s’aimer, quoiqu’on soit obligé quelquefois de se quitter. J’aime l’idée que vous m’avez donnée de ce joli enfant.

Mais parlons de notre bon duc de Chaulnes[3] :il a donc passé à Grignan ? Votre château a si bon air, il est si

  1. LETTRE 1215. 1. Les mots : « si Dieu le veut, » ne sont pas dans l’édition de 1737.
  2. 2. N. de Ghâteauneuf de Rochebonne, neveu de M. de Grignan, tué le 111 septembre 1709 à la bataille de Malplaquet. (Note de Perrin.) Voyez tome III, p. 154, note I.
  3. 3. Ce premier membre de phrase manque dans l’édition de 1737, où l’alinéa commence ainsi : « M. de Chaulnes a donc passé, etc. »