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sans qu’il vous en coûte rien. Je[1] voudrois que vous eussiez été saignée : quel inconvénient y trouviez- vous ? cela vous eût débouché les veines, cela eût donné du jeu et de l’espace à votre sang ; mais vous ne voulez pas. Cette chère pervenche pouvoit faire des merveilles : dans cet état je suis ravie que vous l’ayez trouvée à votre point ; on diroit qu’elle est faite pour vous. Quand vous redevîntes si belle, on disoit : « Mais sur quelle herbe a-t-elle marché? Je répondois : « Sur de la pervenche. » Je ne sais encore pourquoi vous vous êtes précipitée, ces jours saints, d’aller à Grignan sans votre mari. Rien n’étoit si joli que d’être à Sainte-Marie, et de n’être point sitôt dans cette poudre et ces bâtiments de Grignan. Il semble, à vous entendre, que Monsieur d’Arles y soit : ’ai trouvé ce nom, pour ne dire ni Monsieur le Coadjuteur, ni Monsieur l’Archevêque ; il y a bien de l’invention à cette découverte. Je reviens à notre victoire du grand conseil, qui nous a donné[2] une bonne opinion de nos conduites. Pour dire le vrai, ma fille, le succès a été joli et galant ; tout étoit vif : c’étoit un ouvrage couronné que nous emportions l’épée à la main. Il n’y a que vous qui puissiez emporter la requête civile, quoique plus aisée, parce que nous voilà tous séparés [3]dans un moment, et qu’une personne seule ne doit pas s’en charger :pour moi, je ne l’entreprendrois pas sans mon colonel [4]

Il fait une pluie continuelle ; je tâche à déranger et à retarder Mme de Chaulnes de huit jours. Je donne de[5]

  1. 2. Cette phrase et les suivantes manquent dans l’édition de 1737, qui reprend à : « Je reviens à notre victoire.
  2. 3. Disons encore un mot de notre victoire du grand conseil ; elle nous a donnné, etc ; (Edition de 1754.)
  3. 4. Parce que nous sommes tous séparés. »(Ibidem.)
  4. 5. M. le chevalier de Grignan. (Note de Perrin.).
  5. 6. Tout cet alinéa et le commencement de l’alinéa suivant, jusqu’à : « Il est vrai, ma fille, manquent dans l’édition de 1737.