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en voyant la longue vie de sa mère, qui ne lui donnoit pas une assiette d’argent, ayant deux grands coffres pleins de la vaisselle de nos oncles. Pour moi, je me suis dépouillée avec tant de plaisir pour établir mes enfants, que j’ai peine à comprendre qu’on veuille, jusqu’à la fin de sa vie, se compter pour tout, et les autres pour rien. Il me semble que vous êtes assez comme moi, quoique la mauvaise fortune vous ait tellement maté toute votre vie, que votre bon naturel n’a pas eu toute son étendue. Je crois que vous entendez le mot de mater, puisque j’ai bien entendu celui de glaner, et sur cela passons aux nouvelles. Nous attendons le Roi dans six jours(5). Il a vu ces merveilleuses fortifications de Luxembourg, et ses nouveaux sujets l’ont vu en très-parfaite santé. M. de Lavardin n’est pas prêt de partir. Le pape a remis sur pied une ancienne bulle par où il ôte toutes les immunités et toutes les franchises aux princes soùverains, en vertu de quoi il fait faire le procès aux criminels qui se sont trouvés dans le palais de la reine de Suède (6).

5.Voyez la note 3 de la lettre du 5 avril précédent, p. 36. Le Roi, qui était resté à Luxembourg jusqu’au 26 mai, avait voulu voir tous les nouveaux ouvrages qui avaient été ajoutés aux anciennes fortifications. « Sa Majesté, dit la Gazette du 7 juin, a donné une gratification de douze mille écus au sieur de Vauban, maréchal de camp, qui a eu la conduite de ces ouvrages. 6.Une bulle publiée le 12 mai supprima les franchises, ou droit d’asile, dont avait toujours joui à Rome le quartier des ambassadeurs. L’excommunication majeure à encourir par le seul fait fut prononcée contre toute personne qui s’arrogerait le droit de quartier, ou qui y aurait recours pour se soustraire à l’autorité des lois. Les autres souverains de l’Europe avaient renoncé à l’exercice de ce droit ; Louis XIV était le seul qui refusât de se relâcher de ses anciennes prétentions. (Note de l’édition de 1818.)-- Voyez sur cette querelle le livre intitulé Legatio marchionis Lavardini Romam, Paris, 1688, in-12.-- Le marquis de Lavardin n’arriva à Rome que le 16 de novembre 1687. Voyez la Gazette du 6 décembre.