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ceux qui disent quelque chose contre nos amis ; mais elle ne nous empêche pas d’y trouver de l’esprit, s’il y en a. Vous me donnez une grande idée de l’oraison funèbre de Monsieur le Prince par le P Bourdaloue, en me disant que ce que vous m’en envoyez n’est que croqué. Bon Dieu, quel est donc l’original ! car la copie me paroît très-belle. Pour moi, qui n’ai point de si grandes choses à vous envoyer, je vous envoie mes amusements, qui vous réjouiront au moins, et à ce sujet je vous envoie une épigramme de Martial que j’ai traduite(3),qui me convient en quelque chose :

   Je suis incomparable à dire des sornettes,
   Que vous n’admirez pas, mais que vous aimez bien. 
   Que de plus grands esprits se servent de trompettes :
   Pour moi, faiseur de chansonnettes,
   Pour moi, plaisant diseur de rien,
   Je ne me sers que de musettes.

3. C’est la fin de la première épigramme du livre IX, adressée par Martial à Avitus. La lettre ne se termine pas ici dans notre manuscrit ; Bussy continue : " J’écrivis l’autre jour à ma fille de Coligny, etc., » et il envoie à sa cousine la copie de trois lettres, dont la première est adressée à Mme de Coligny, la seconde à Mme de Toulongeon ; la troisième est la réponse de celle-ci. Ces lettres, qui contiennent quatre petites poésies, ont été très-probablement ajoutées après coup par Bussy, et volontiers nous en dirions autant de notre dernier paragraphe : " Pour moi qui n’ai point de si grandes choses, etc. » Nous sommes habitués à ces artifices au moyen desquels il inséra, lui ou les siens, dans la Correspondance, ses fantaisies poétiques, d’ordinaire bien peu dignes de cet honneur. L’édition de 1697 donne la lettre à Mme de Toulongeon et sa réponse, mais elle omet l’épigramme de Martial et le billet à Mme de Coligny.