Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/542

Cette page n’a pas encore été corrigée

536

avez compris mes sentiments, vous m’avez fait bien de l’honneur, et je vous le rends en voyant les vôtres tels qu’ils sont. Il faut avoir un peu de ce bon aloi que nous regrettons, pour sentir cette perte comme nous la sentons :il faut que cette louange passe[1] car je suis persuadée qu’on est plus ou moins touché de ces grandes qualités, selon qu’on y a plus ou moins de rapport.

Mon cher Comte, recevez ici mon compliment : vous avez été chèrement aimé de ce grand homme[2] » ; il aimoit son nom, sa maison ; il avoit raison : elle en vaut bien la peine. Je vous plains de n’avoir plus à honorer tant de mérite, tant de qualités si respectables. Voilà cette première race passée ; nous irons après, mon cher Comte. En attendant, je vous embrasse en pleurant, comme si j’avois l’honneur d’être de votre nom.

Cette douleur nous rabaisse la joie de notre petite victoire. Le chevalier[3] voudroit bien pousser la requête civile, qui ne toucheroit pas du pied à terre ; mais je né sais s’il en auroit le temps : il ne faudroit pas la laisser à moitié ; enfin il ne sauroit mal faire. Il n’est plus question d’arrêt du conseil, point de cassation d’arrêt, ni de contrariété : il n’y a qu’à dormir en repos jusqu’à cet hiver. Je suis ravie que nos lettres reçues le soir ne vous donnent point réglément de méchantes nuits trois fois la semaine : [4] je vous en crois, ma chère enfant, et je chasse ce petit dragon qui m’importunoit. Mme de Chaulnes est ravie

  1. 3. «  cette louange doit passer ( Edition de 1754.) »
  2. 4. Vous avez été tendrement aimé de ce cher oncle.(Ibidem).
  3. 5. Cette phrase et les suivantes, jusqu'à : « Mme de Chaulnes est ravie, etc. » manquent dans l'édition de 1737.
  4. 6. Voyez la lettre du 4 mars précédent, p. 506.