Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/506

Cette page n’a pas encore été corrigée

500

des armes pour des troupes qui sont en Irlande celles qui vont avec lui sont considérables enfin la générosité, la magnificence, la magnanimité, n’ont jamais tant paru que dans cette occasion. Le Roi n’a point voulu que la reine soit allée à Poissy[1] elle verra peu de monde mais le Roi en aura soin, et elle saura[2] sans cesse des nouvelles. L’adieu du roi son mari et d’elle faisoit fendre le cœur de tout le monde : ce furent des pleurs, des cris, des sanglots, des évanouissements ; cela est aisé à comprendre. Le voilà où il doit être il a une bonne cause, il protège la bonne religion; il faut vaincre ou mourir, puisqu’il a du courage.

Vous ai-je mandé que M. le président Barentin mourut à sa place du grand conseil, il y a deux jours[3] Il tomba mort tout d’un coup; sa femme qui rit toujours, rira-t-elle de cette aventure?

Je [4]vous remercie d’avoir pensé à me chercher une robe de chambre des Indes; l’incarnat ne me convient pas; je n’ai nul besoin d’une jupe piquée; j’en ai, gardez votre argent.

Mme de Nesle est accouchée d’un fils; je ne sais si cette Bécasse[5] en est bien aise; car elle n’aime plus que le comte de Mailly H. [6]

qui est allé conduire le roi d’An-
  1. 16. voyez ci-dessus, p. 489 et 490 et la note 14.
  2. 17." Elle aura. » (Édition de 1754.)
  3. 18. Voyez la lettre précédente, p.496 et la note 57. Dans l'édition de 1754 :" que le président Barentin - A La fin de l'alinéa ria-t-elle au lieu de rira-t-elle ?
  4. 19. Ce petit alinéa ne se trouve que dans notre manuscrit.
  5. 20. Jeanne de Monchy, grand’mère du marquis de Nesle (nouveau-né), et mère de Louis comte de Mailly. (Note de Perrin, 1754.) Voyez les notes 8 et 9 de la lettre du 29 novembre 1688, p. 287, 288, et p. 301, note 27. --Ce sont les filles de ce petit marquis de Nesle qui furent, comme on sait, maîtresses de Louis XV.
  6. Louis, comte de Mailly, fils du vieux marquis de Mailly, et