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rier et ma présence ne la rétablissent. Il faut donc que j’aie le courage de prendre ce voyage sur moi, sur ma vie, sur ma tendresse, qui me feroit courir tout naturellement à vous, ma chère Comtesse.

1139. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

A Paris, ce lundi 21e févrie

IL est vrai, ma chère fille, que nous voilà bien cruellement séparées l’une de l’autre aco fa trembla[1]. Ce seroit une belle chose, si j’y avois ajouté le chemin d’ici aux Rochers ou à Rennes mais ce ne sera pas sitôt Mme de Chaulnes veut voir la fin de plusieurs affaires, et je crains seulement qu’elle ne parte trop tard, dans le dessein que j’ai de revenir l’hiver suivant [2], , par plusieurs raisons, dont la première est que je suis très-persuadée que M. de Grignan sera obligé de revenir pour sa chevalerie, et que vous ne sauriez prendre un meilleur temps pour vous éloigner de votre château culbuté et inhabitable, et venir faire un peu votre cour avec Monsieur le chevalier de l’ordre, qui ne le sera qu’en ce temps-là[3] . Je fis la mienne l’autre jour à Saint-Cyr, plus agréablement que je n’eusse jamais pensé. Nous y allâmes samedi[4]

  1. LETTRE 1139.1. « Cela fait trembler. » Phrase provençale. (Note de Perrin.) La désinence de l’infinitif, ar (tremblar), s’abrège ainsi, dans la prononciation, en a (trembla).
  2. 2. L'hiver suivant.(Edition de 1754)
  3. 3. Le comte de Grignan ne fut reçu chevalier de l’ordre que le Ier janvier 1693. Voyez le Journal de Dangeau, à cette date.
  4. 4. « Le Roi et Monseigneur, en sortant de dîner, allèrent à Saint-Cyr voir la dernière représentation de la tragédie d’Esther. » (Journal