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vois autrefois vos romans et l’amitié de vos chiens. La Chau s’en va[1]; j’envoie un petit saint-esprit à M. de Grignan ; je veux qu’il 16 voooooole[2] jusque sur son justaucorps, justement dans le temps que le courrier qui lui porte son cordon arrivera. Je vous prie, mon cher Comte, de recevoir ce petit présent c’est pour vous consoler de l’affront que vous fait quelquefois ma fille de me nommer au lieu de vous. Voilà d’étranges présents, un ruban, une ceinture, un petit pigeon, une ombre, un souille, un rien c’est le denier de la veuve, c’est ce qu’on donne quand on est le contraire de M. d’Oraison.[3] ̃Il est vrai que je me suis livrée tout entière j’en ai envisagé toutes les suites et les conséquences d’un seul côté, et je n’en ai point été ébranlée, et j’ai dit « Eh bien! si on me manque, si on me ruine, Dieu fera peut-être de cette ingratitude le sujet de ma retraite et de mon salut » et avec cette pensée, je ne me suis point repentie de ce que j’ai fait. [4]19 et votre amitié[5] et votre cœur pour moi rendent ma vie trop heureuse; mais, ma chère fille, vous êtes quelquefois bien loin, et je sens bien tendrement cette absence.

  1. 16. Ce petit membre de phrase n’est pas dans l’édition de 1737. S’agirait-il d’un courrier des états de Provence, ou d’un brigadier d’infanterie du nom de Lachau-Montauhan, deux fois nommé, sans autre désignation, dans le Journal de Dangeau ? Voyez au tome IX le commencement de la lettre du 26 février 1690.
  2. 17. Tel est le texte de 1737 : « dans celui de 1754 Je veux qu’il vole sur son juste-au-corps, en même temps que le courrier, etc. »
  3. 18. C’est-à-dire le contraire de riche. Dangeau nous apprend qu’une des filles de M. d’Oraison devait avoir plus de vingt mille livres de rente (voyez la lettre précédente, p. 428, note 18); une autre demoiselle d’Oraison celle qui épousa le chevalier de Grignan, devait avoir, dit encore Dangeau au 31 mars 1702), cinquante mille écus de bien après la mort de son père. Le texte de 1754 donne simplement :... un souffle, un rien ; c’est ce qu’on donne quand on n’a plus rien à donner. »
  4. 19. Voyez plus haut, p. 429, et note 27.
  5. 20. «... .je ne me suis point repentie de tout ce que j’ai fait : votre amitié, etc. » (Édition de 1754.)