Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/436

Cette page n’a pas encore été corrigée

43o

Vous me représentez fort plaisamment votre savantas.[1] ; il me fait souvenir du docteur de la comédie , qui veut toujours parler [2] Si vous aviez du temps, il me semble que vous pourriez faire quelque usage de cette bibliothèque : il y a de bonnes choses et en quantité : on choisit ce qu’on veut[3]; mais hélas ! mon enfant, vous n’avez pas le temps de faire aucun usage de la beauté et de l’étendue de votre esprit ; vous ne vous servez que du bon et du solide, cela est fort bien ; mais c’est dommage que tout ne soit pas employé ; je trouve que M. Descartes y perd beaucoup.

Le maréchal d’Estrées va à Brest ; cela fait craindre[4] qu’il ne commande les troupes réglées ; je crois cependant qu’on donnera quelque contenance au gouverneur, et qu’on ne voudra pas lui donner le dégoût tout entier. M. de Charost est revenu un moment, pour se justifier de cent choses que M. de Lauzun a dites assez mal à propos, et de l’état de sa place, et de la réception qu’il a faite à la reine[5] : il fait voir le contraire de tout ce qu’a

  1. 30. Telle est (avec un ç de plus sçavantas) l’orthographe des deux éditions de Perrin. C’est aussi celle de Furetière et de l’Académie dans la première édition de son Dictionnaire (1694) ; dans la seconde (1718) elle écrit sçavantasse
  2. 31. Le docteur Pancrace dans le Mariage forcé de Moiière. Voyez la scène VI.
  3. 32. « que vous pourriez tirer quelque avantage de cette bibliothèque comme il y a de bonnes choses et en quantité, on est libre de choisir ce. qu’on veut. »(Édition de 1754.)
  4. 33. Cela fait appréhender, etc. » (Ibidem.)
  5. 34. Mme de la Fayette développe dans ses Mémoires ce que ce passage aurait d’obscur. Lauzun avait tâché de dissimuler au duc de Charost, gouverneur de Calais, le nom de la personne qu’il accompagnait. Le duc ayant insisté, Lauzun lui dit que c’était la reine,mnais il ajouta qu’elle ne voûtait recevoir aucun des honneurs dus à sa dignité. Le duc de Charost n’en tint compte, reçut la reine d’Angleterre comme il le devait, et il eut soin de retarder le départ des lettres de Lauzun afin d’annoncer le premier cette nouvelle au