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1687

1018. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Le même jour que je reçus cette lettre, j’y fis cette réponse.
À Chaseu, ce 9e avril 1687.

Je songeois à vous écrire, Madame, quand j’ai reçu votre lettre du 5e de ce mois. Je voulois vous mander toutes mes alarmes sur les grandes et longues douleurs de ma fille de Coligny. Ç’a été une colique de rhumatisme, qui l’obligea de se mettre au lit le 4e de mars dernier, dont elle n’a été hors de péril que le 1er d’avril ; encore une fois, elle a souffert dans le corps des douleurs incroyables, et moi de mortelles angoisses dans l’esprit ; mais enfin nous voilà hors d’intrigues[1]. Vous ne sauriez croire, ma chère cousine, combien nous sentons tous deux vos frayeurs pour nous. Jamais reconnoissance ne fut si tendre que la nôtre.

Nous avons eu notre aimable évêque quinze jours en ce pays-ci. J’allai dîner avec lui samedi 5e de ce mois ; il me mit sur votre chapitre après dîner, dans un cercle de vingt personnes, où étoient entre autres le comte et le commandeur d’Épinac[2], et un certain P. Archange,[3]

  1. Lettre 1018. — 1. Le mot est ainsi au pluriel dans notre manuscrit autographe.
  2. 2. Parents de la comtesse de Toulongeon : voyez tomes V, p. 477, note 13, et VII, p. 514, note 1 ; il semble, d’après la Correspondance de Bussy (tomes III, p. 62 ; VI, 361 ; V, 301 et 307), que les titres de comte et de marquis d’Épinac désignent la même personne. — La famille d’Épinac est une des plus anciennes de Bourgogne. Elle a compté parmi ses membres Pierre d’Épinac, archevèque de Lyon, homme d’un mérite distingué mais qu’une ambition démesurée jeta dans tous les excès de la Ligue (Note de l’édition de 1818)
  3. 3. On l’appelait le P. Archange de Bourbon-Lancy, parce que sans doute il était né dans cette ville. On a de lui une oraison funèbre d’Érard du Châtelet, marquis de Trichâteaux, gouverneur de Semur, im-