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iroit aujourd’hui au ballet, à Trianon[1] Monsieur le chevalier vous enverra sa lettre. Il est donc là sur sa bonne foi, faisant toutes les commissions que son oncle lui donne, pour l’accoutumer à être exact, aussi bien qu’à calculer quel bien ne lui fera point cette sorte d’éducation ? J’ai reçu une réponse de Monsieur de Carcassonne c’est une pièce rare, mais il faut s’en taire ; j’y répondrai bien, je vous en assure : il a pris sérieusement et de travers tout mon badinage. Àh, ma fille ! que je comprends parfaitement vos larmes, quand vous vous représentez ce petit garçon à la tête de sa compagnie, et tout ce qui peut arriver de bonheur et de malheur à cette place ! L’abbé Têtu est toujours dans ses vapeurs très-noires. J’ai dit à Mme de Coulanges toutes vos douceurs ; elle veut toujours vous écrire dans ma lettre mais cela ne se trouve jamais. Monsieur le chevalier ne veut pas qu’on finisse en disant des amitiés ; mais malgré lui je vous embrasserai tendrement, et je vous dirai que je vous aime avec une inclination naturelle, soutenue de toute l’amitié que vous avez pour moi et de tout ce que vous valez, eh bien ! quel mal trouve-t-il à finir ainsi une lettre, et à dire ce que l’on sent et ce que l’on pense toujours ?

  1. 12.« Le Roi a dîné à Trianon avec Monseigneur et Mmes de Maintenon, de Chevreuse, de Beauvilliers, de Gramont, de Montchevreuïl et d’Heudicourt ; après dîner il a été longtemps enfermé avec M. de Louvois, et à sept heures on a dansé le ballet. » {Journal de Dangeau, au 17 janvier.)-- Ce ballet, qui fut dansé pour la première fois à Trianon le 5 janvier, et deux fois par semaine pendant tout le carnaval, était le ballet de Flore, qu’il ne faut pas confondre avec l’opéra deZéphire et Flore mentionné dans la note 13 de la lettre du 12 janvier précédent p. 408. On peut en voir une description détaillée, accompagnée de nombreuses citations de vers, dans le Mercure de janvier 1689, p. 53-83 ; voyez aussi le Mercure de février, p.296 et 297. II avait été composé pour célébrer le retour du Dauphin ; l’auteur de la musique était de la Lande, et celui des entrées de Beauchamp.