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Texte en italiqueL’abbé Têtu est dans une insomnie qui fait tout craindre. Régis4 et Fedé ne voudroient pas répondre de la décadence entière de son esprit; il se fait des points de fièvre des moindres choses; il sent son état, et c’est une douleur il ne subsiste que par l’opium on y mit l’autre jour par mégarde de l’ambre, il en pensa véritablement mourir; il tâche de se divertir, de se dissiper il cherche des spectacles. Nous voulons l’envoyer à SaintGermain pour avoir le plaisir d’y voir établir le roi et la reine d’Angleterre et le prince de Galles en peut-on [1] [2]

  1. 4. Nous ne trouvons qu’un médecin de ce nom, Pierre Régis, né à Montpellier en 1656, qui vint s’établir à Paris vers 1679, mais se retira en Hollande après la révocation de l’édit de Nantes, et mourut en 1726. Comme il avait été très-lié avec Ménage, il est vraisemblable que Mme de Sévigné le connaissait et avait pu le consulter sur la santé de l’abbé Têtu. Dans les deux éditions de Perrin (1787 et 1754), ce passage se lit ainsi «  Les médecins ne voudroient pas répondre de son esprit; il sent son état, et c’est une douleur; il ne subsiste que par l’opium ; il tàche de se divertir, de se dissiper, il cherche des spectacles. Nous voulons l’envoyer à Saint-Germain pour y voir établir (dans l'édition de 1754, il y a simplement pour y voir) le roi, la reine d’Angleterre, et le prince de Galles. Peut-on voir un spectacle (dans l’édition de 1754 un événement) plus grand et plus digne de faire de grandes diversions ? Pour la fuite du roi, il paroit que le prince l’a bien voulu {sic), » Dans les impressions de la Haye et de Rouen (1726), la lettre commence à : « Pour la fuite du roi 5) (voyez p. 398); et celle de Rouen ajoute «d’Angleterre. »
  2. 5. Aussitôt que la reine fut arrivée à Paris, elle envoya le comte Paul-Camille Torelli vers son frère, le duc de Modène, pour l’instruire de ses désastres. Ce seigneur, issu d’une race féconde en grands hommes, avait montré beaucoup d’attachement à la maison d’Este, à laquelle il était allié. Pomponio Torelli, des comtes de Guastalle, son bisaïeul, grand négociateur (voyez l'Histoire universelle de de Thou, tome IX, p. 442), moraliste et poëte célèbre, a laissé une Merope que l’on admire encore aujourd’hui et son grand-père, Pio Torelli, dernier comte de Montechiarugulo, fut décapité, le 19 mai 1612, avec six autres Parmesans, sous prétexte d’une conspiration inventée parRanuce Farnèse, due de Parme. Une des branches de cette maison s’établit à Cracovie, où elle prit le nom de Cioleck, qui, en polonais,