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chez le chevalier, où je n’ai pas manqué, et vous n’y étiez pas ; votre portrait ne m’a point du tout consolée. Je suis présentement dans sa chambre ; il a eu des douleurs, à la main droite cette nuit ; il les a encore. Il soupa la veille des Rois assez gaiement chez M. de Lamoignon, et la nuit même, ce mal lui prit: cela est trop pitoyable. Il fait tous les jours des projets pour Versailles, et n’est presque jamais en état de les executer : c’est votre malheur et le sien qui l’empêche d’être en un lieu où il feroit une si bonne figure, et si utile pour sa famille et pour son neveu. Il a une patience et une résignation, que Corbinelli se vante de lui apprendre comme un maître. Nous ne le voyons guère, ce Corbinelli : tous ses amis le prennent, et je le laisse aller par amitié pour lui, car nous sommes sobres. Quelquefois les soirs, il vient faire collation avec nous ; il est de fort bonne compagnie, et vous rend mille grâces d’avoir nommé son nom : le vôtre est bien dans son esprit audessus de tous les autres. Nous ne voyons pas assez l’abbé Bigorre ; il vous enverra ce soir une belle feuille volante [1]. Quand il est question de parler de la réception [2] du roi et de la reine d’Angleterre, et du prince de Galles, et de dire les détails de la réception que le Roi a faite à ces Majestés, toute pleine de générosité, d’humanité,

  1. 7 La Gazette, dans son numéro du 8 janvier, raconte en détail la réception que Louis XIV fit à la reine d’Angleterre, et l’arrivée de Jacques II en France. Le numéro du 15 janvier complète le récit.
  2. 8. « De l’arrivée. (Édition de 1754.) Louis XIV alla recevoir la reine d’Angleterre près de Chatou quant à Jacques II, voici ce qu’on lit dans les Mémoires manuscrits de M. de Sainctot, introducteur des ambassadeurs (tome III, P. 230) : «  Le Roi étant averti que le roi d’Angleterre arrivoit dans la cour du château, voulut aller au-devant de lui jusqu’au haut de l’escalier ; mais la foule du courtisan l’empêcha d’y arriver. Les deux rois se rencontrèrent dans la salle des gardes du corps. » Voyez ci-après, p. 399 et 400.