Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1687 n’est prié, personne n’est averti, chacun soupera ou fera collation chez soi. À minuit on assemblera les deux mariés pour les mener à la paroisse, sans que les pères et mères s’y trouvent, qu’en cas qu’ils soient alors à Versailles. On les mariera ; on ne trouvera point un grand étalage de toilette ; on ne les couchera point : on laissera le soin à la gouvernante et au gouverneur de les mettre dans un même lit. Le lendemain on supposera que tout a bien été. On n’ira point les tourmenter ; point de bons mots, point de méchantes plaisanteries. Ils se lèveront : le garçon ira à la messe et au dîner du Roi ; la petite personne s’habillera comme à l’ordinaire ; elle ira faire des visites avec sa bonne maman[1] elle ne sera point sur son lit, comme une mariée de village, exposée à toutes les ennuyeuses visites[2] ; et toute cette noce (chose qui ordinairement est bien marquée) sera confondue le plus joliment et le plus naturellement du monde avec toutes les autres actions de la vie, et s’est glissée si insensiblement dans le train ordinaire, que personne ne s’est avisé qu’il fût arrivé quelque fête dans ces deux familles.

    Noailles ; le même matin, la mère de la mariée accoucha d’une fille. » Voyez aussi le Journal de Dangeau, à la date du 14 février 1687. — Antoine de Gramont, cinquième du nom, comte de Guiche du vivant de son père, et plus tard (1720) duc de Gramont, devint maréchal de camp en 1702, colonel général des dragons (1703), puis des gardes françaises, lieutenant général en 1704, maréchal de France en 1724. Il mourut le 16 septembre 1725, à l’âge de cinquante-trois ans et huit mois. Sa femme était Marie-Christine, fille du duc de Noailles, née le 4 août 1672. — L’époux allait entrer dans sa dix-septième année, l’épouse était dans sa quinzième.

  1. 7. Sans doute la duchesse douairière de Noailles, alors âgée de cinquante-sept ans, veuve depuis 1678 et qui ne mourut qu’en 1697 : voyez tome III, p. 227 et 228, note 15. — Une note de Saint-Simon à Dangeau, tome IV, p. 410, dit que la grand’mère maternelle, Mme de Bournonviile, mère de Mme de Noailles, était morte en 1678.
  2. 8. Voyez tome VI, p. 182, note 12, une citation de la Bruyère.