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Voilà M. le duc de Coislin[1] qui vient encore de prier le chevalier d’être son témoin, et Monsieur l’évêque d’Orléans aussi [2] Il était un des quatre prélats qui reçurent l’ordre : enfin c’est une approbation qu’on veut avoir à toute force.Il ne sera pas difficile de trouver, le mois qui vient, deux cordons bleus qui se battent : il y en aura une belle quantité. En voilà assez, ma chère enfant, jusqu’à ce soir. Vous ne vous êtes point trompée à la poésie de Sapho[3] votre goût est juste et le sera toujours : le mien l’est fort aussi, quand je vous aime et je vous estime comme je fais.

Me voilà revenue de la ville. J’ai été remercier Mme de Meckelbourg de ses honnêtetés, et Mme d’Elbeuf de sa visite : c’est vous qui m’attirez ces devoirs. Je ne sais rien de nouveau ; les affaires d’Angleterre ne changent pas d’un jour à l’autre. Vos lettres ne sont pas encore venues. Comme vous avez vu que du mercredi au vendredi je ne change pas d’avis pour vous aimer, je n’en change pas aussi du matin au soir ainsi, ma chère enfant, je suis tout entière à vous, et je vous conjure de m’aimer toujours comme vous faites.

Ah voilà justement votre lettre du 10è [4] : je vous avoue que je l’attendois avec impatience, et que je vous

  1. 18. Petit-fils de Seguier, mort en 1702. Voyez tome II, p. 481, note 8.
  2. 19. Pierre de Cambout de Coislin, évêque d’Orléans (de 1666 au 5 février 1706, jour de sa mort), alors premier aumônier du Roi, puis cardinal et grand aumônier de France. (Note de Perrin, 1704.) Voyez, sur ses vertus, sur sa conduite charitable pendant les dragonnades, Saint-Simon, tome V, p. 114 et suivantes.
  3. 20. Mlle de Scudéry.
  4. 21. « Je reçois enfin votre lettre du 10e, ma chère fille. (Édition de 1737.)