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bon; » personne dans tout ceci ne perd, ni ne gagne; tout le monde se connoit, et il y en a quelques-uns qui sont embarrassés. On fait plusieurs vers et chansons je ne veux rien écouter que ce que la Comtesse [1] cria tout haut l’autre jour chez Mademoiselle

Le Roi, dont la bonté le met à mille épreuves,

Pour soulager les chevaliers nouveaux,

En a dispensé vingt de porter des manteaux, Et trente de faire leurs preuves.

Et tout cela est fort bien. Mme de Vaubecourt [2] a gagné son procès avec triomphe comme vous. M. de Broglio a le commandement de Languedo [3], qu’avoit la Trousse : nous croyons que ce dernier aura mieux ; la dépense qu’il faisoit dans cette province met le bouton bien haut à son successeur. Ma chère enfant, je vous conte des bagatelles, je laisse le solide à Monsieur le chevalier; je me contente de m’intéresser aussi sensiblement que lui à ce qui vous touche, d’en discourir dans sa chambre au coin de son feu de souhaiter que votre affaire d’Avignon soit bonne, et que votre voyage soit utile. Il y eut un tel bruit avant-hier, comme je finissois ma lettre, que je ne vous dis pas la moitié de ce que je voulois; et c’est un bonheur que je vous aime constamment trois jours de suite, pour pouvoir reprendre le fil de mon discours sur le même ton.

  1. 15. La comtesse de Fiesque. Dans l’édition de 1754 « Je ne veux rien écouter; mais voici ce que la Comtesse, etc. »
  2. 16. Sœur de Michel Anielot. Voyez tome VII p. 118, note 15. Cette phrase n’est pas dans ;le texte de 1737, non plus que, cinq lignes plus loin, celle qui commence par et Ma chère enfant. »
  3. 17. Voyez plus haut, à la p. 199, la fin de la note 11. VictorMaurice, comte de Broglie, marquis de Brezolles, maréchal de France en 1724, mort le 4 août 1727, âgé d’environ quatre-vingts ans. Il avait épousé en 1666 Marie de Lamoignon, qui mourut le is janvier 1733, à l’âge de quatre-vingt-huit ans.