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manderai toutes mes actions : j’aime que vous aimiez ces pauvretés, cela nous rapproche de vous. Je vois souvent le chevalier ; cette chambre[1] m’attire ; pas tant la Méri, quoique nous soyons fort bien ensemble. Vous êtes plaisante avec ce coadjuteur ; il a une gaieté dont on s’accommode aisément : il paroît vous être attaché, ainsi que Monsieur de Carcassonne : eh, mon Dieu ! ne doivent-ils pas vous aimer passionnément ? Que n’êtes-vous pas pour eux, pour leur nom, pour leur famille ? toute livrée, toute dévouée, toute ruinée, toute détachée de votre famille, hors de votre maman ; et pourquoi ? eh ! parce que vous m’avez donné tous vos sentiments : je porte votre livrée et vous m’aimez. ! Mon Dieu, ma chère enfant, que vos femmes sont sottes, vivantes et mortes ! Vous me faites horreur de cette fontange[2] quelle profanation ! cela sent le paganisme, quelle sottise[3]! ho ! mon enfant, cela me dégoûteroit bien de mourir en Provence. Il faudroit du moins que vous me donnassiez votre parole qu’on n’iroit pointz chercher une coiffeuse en même temps qu’un plombier. Ah vraiment, fi ne parlons point de cela.

Les affaires d’Angleterre ne sauroient être pis, et votre madame a bien l’air de ne jouer de longtemps [4]. -

  1. 13. C’était la chambre de Mme de Grignan. (Note de Perrin.)
  2. 14. C’est l’usage en Provence d’enterrer les morts à visage découvert et les femmes qui ont coutume de se coiffer avec des rubans, les conservent encore dans leur bière. (Note de Perrin.)
  3. 15. Ces deux mots « quelle sottise manquent dans l’édition de 1754
  4. 17.Voyez la lettre du 8 décembre précédent, p. 308 et 309. Dans le texte de 1754 il y a « Les affaires d’Angleterre ne sauroient aller plus mal »; la fin de la phrase « et votre madame, etc. » manque dans l’édition de 1787.