tout ce que vous aurez de moi pour aujourd’hui[1] Vous savez ma vie, les jours passent tristement comme gaiement, et l’on trouve enfin le dernier : je vous aimerai, ma très-chère Comtesse, jusqu’à celui-là inclusivement.
1093. DE MADAME DE SÉVIGNÉ
A MADAME DE GRIGNAN.
A Paris, ce vendredi 26* novembre
Il y a une heure que je cause avec Soleri [2]. Il ne tient pas à lui, ma chère enfant, que je ne sois en repos sur votre santé[3] mais les chaleurs de votre sang ne paroissent point du tout quand vous êtes belle et brillante dans cette galerie, ni quand vous faites votre compagnie de cavalerie; car c’est vous qui l’avez faite; et quoiqu’il y ait, comme vous dites, quelque espèce de honte à se connoitre[4] si bien si hommes, je vous conseille pourtant d’être fort aise d’avoir rendu un service si important à votre fils : il le faut mettre au rang de tous les agréments que la fortune a jetés sur lui depuis trois mois. Je n’ai jamais vu une si souhaitable entrée dans le monde et dans la guerre[5] : son cour age sa fermeté, son sens froid, sa sagesse, sa conduite ont été partout, et particulièrement à Versailles[6] Je vis hier au soir
- ↑ 9. « Voilà tout ce que vous aurez d’aujourd’hui. »
- ↑ LETTRE 1093. 1. Capitaine des gardes du comte de Grignan. C’était un gentilhomme d’Avignon (Édition de 1754)
- ↑ 2. Après ces mots « votre santé, » le texte de 1787 continue ainsi : « Vous jugez bien qu’il a été question aussi de votre compagnie de cavalerie; car enfin c’est vous qui l’avez faite, etc. »
- ↑ 3. « De se connoître. » (Édition de 1754.)
- ↑ 4. « Ni dans la guerre. » (Ibidem.)
- ↑ 5. Ces derniers mots « et particulièrement à Versailles, » ne sont.