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gneur est arrivé à Fontainebleau pendant que le P. Gaillard prêchoit2 on l’a interrompu, et on a remercié Dieu dans le moment d’un si heureux succès et d’une si belle conquête. On ne sait point de détail, sinon qu’il n’y a point eu d’assaut, et que M. du Plessis disoit vrai, quand il disoit[1] que le gouverneur faisoit faire des chariots pour porter son équipage. Respirez donc, ma chère enfant; remerciez Dieu premièrement il n’est point question d’un autre siège jouissez du plaisir que votre fils ait vu

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1688

23t

    Roi, mort le 18 octobre 1699. Il était frère aîné de Gilbert Colbert, marquis de Saint-Pouanges, et avait épousé Geneviève, fille de Micbel Larcher, marquis d’Esternay, qui mourut le 17 avril 1712. « C'étoit, dit Saint-Simon (tome II, p. 320 et 321), un bon et honnête homme. Il avoit passé une longue vie, toujours extrêmement bien avec le Roi. Il étoit cousin germain et dans la plus intime et totale confiance de M. de Louvois, qui, du su du Roi, l’avoit fait entrer en beaucoup de choses secrètes, et le Roi avoit toujours conservé pour lui beaucoup d’estime, d’amitié et de distinction. C’étoit un homme brusque, mais franc, vrai, droit, serviable et très-bon ami ; il en avoit beaucoup, et fut généralement plaint et regretté. »

  1. 3. « Quand il assuroit. (Édition de 1754.)
  2. 2 On lit dans la Gazette du 6 novembre, en date de Fontainebleau :« L'après-dînée (du jour de la Toussaint), Sa Majesté entendit la prédication du P. Gaillard, jésuite, accompagnée de Madame la Dauphine, de Monsieur et de Madame. Durant le sermon, le Roi reçut une lettre de Monseigneur le Dauphin, par laquelle il lui donnoit avis que le 29 du mois dernier les assiégés dans Philisbourg avoient battu la chamade. Sa Majesté en rendit grâces à Dieu et ensuite le P. Gaillard continua la prédication, et complimenta très-éloquemment Sa Majesté sur cette nouvelle bénédiction que Dieu avoit donnée à ses armes sous le commandement de Monseigneur le Dauphin. » Voyez la lettre suivante, p. 239 et 240. Honoré Gaillard, né à Aix en Provence le 9 mars 1641, fit profession en 1675 chez les Jésuites, et mourut à Paris le 11 juin 1727. C’était un prédicateur fort renommé, et le frère d’un avocat d’Aix, dont Mme de Sévigné faisait grand cas (voyez les lettres du 29 décembre 1688 et du 16 mars 1689). Il avait prononcé à Notre-Dame l’oraison funèbre de Harlay de Champvallon, que Saint-Simon (tome I, p. 29 r) appelle « un chef-d’œuvre d’éloquence et de piété. »