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j’aime tout en vous, et même votre beauté, qui n’est que le moindre de mes attachements. Vous avez un cœur qu’on ne sauroit trop aimer cependant ayez pitié de votre portrait, ne le rendez point celui d’une autre ne nous trompez point, soyez toujours comme nous le voyons 8 rafratchissez-vous à la Garde’. Pour moi, je m’en vais vous dire hardiment ce que je pense c’est que si l’état du château de Grignan, dont j’ai entendu parler, est tel que vous y soyez incommodée et que les coups de pic sur le rocher y fassent l’air mortel de Maintenon iù, voici le parti que je prendrois sans me fâcher, sans gronder personne, sans me plaindre je prierois M. de la Garde de vouloir bien que je demeurasse chez lui avec Pauline, vos femmes et deux laquais, jusqu’à ce que la place fût nette et habitable. C’est ainsi que j’en userois tout bonnement, sans bruit; cela empêcheroit d’ailleurs mille visites importunes, qui comprendroient qu’un château où l’on bâtit n’est guère propre à les recevoir. Vous voulez que je vous parle de ma santé et de ma vie j’ai été un peu échauffée; de mauvaises nuits, beaucoup de douleurs et de larmes ne sont pas saines, et c’est ce qui m’effraye pour vous cela s’est passé entièrement avec des bouillons de veau n’y pensez plus. Ma vie, vous la savez souvent, souvent, dans cette petite chambre de là-bas u, où je suis comme destinée; je tâche pour7. « Qu’on ne sauroit trop aimer, tropadorer. » (Édition de 17S4.) 8. Tout ce qui suit ces mots « comme nous le voyons, » jusqu’à « Vous ai-je dit que nous allâmes, » vers la fin de l’alinéa suivant, manque dans le texte de 1737.

9. A trois lieues de Grignau, à une heure de Pierrelatte voyez tome IV, p. igi, note 3. °

10. Voyez tome VII, p. 329, note 1. On agrandissait alors par de nouvelles constructions le château de Grignan voyez ci-après, p. 228, et la note g.

11. Chez le chevalier.

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