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est mort en un moment, dans un profond sommeil, la tête embarrassée, et entre nous, aussi pourri de l’âme que du corps. On a donné sa charge de général des galères à M. du Maine, quatre cent mille francs à Mme de Vivonne, et après elle aux enfants du jeune Mortemart [1].

Le Roi va le 28è de ce mois à Fontainebleau7. <ref< La Gazette du 2 octobre nous apprend que c'est en effet le 28 septembre que le Roi partit de Verdsailles pour Fontainebleau ou il resta jusqu'au 12 novembre /ref>Il y a quelque autre dessein, mais il est encore caché. Il y a un air de ralentissement dans tout le mouvement de guerre qui a paru d’abord.[2] La flotte seule du prince



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    d’un médecin calabrois, qu’on dit qui l’a tué. » (Journal de Dangeau, au 16 septembre.) La Gazette du 18 dit que Vivonne mourut le 15.

  1. 6. Louis de Rochechouart, duc de Mortemart, seul fils du maréchal de Vivonne, était mort à l’âge de vingt-cinq ans, le 3 avril précédent. Il avait la survivance de la charge de général des galères, avec le pouvoir de commander en l’absence de son père, et s’était distingué dans les deux expéditions d’Alger, dans celle de Cadix et celle de Gènes. Il fut regretté de Louis XIV et de toute la cour. Le Roi lui avait donné un million en lui faisant épouser une fille de Colbert, dont il eut deux fils et trois filles. Voyez le Journal de Dangeau, au 3 avril 1688. Le Roi, en donnant au duc du Maine la charge de général des galères, fit remettre quatre cent mille livres à Mme de Montespan, et la chargea de déterminer dans quelle proportion cette somme serait distribuée aux enfants de Vivonne. L’ancienne favorite décida qu’il y aurait cent mille livres pour les deux filles de Vivonne, qui étaient à Fontevrault, et qu’avec les trois cent mille livres restant, on achèterait, pour les enfants du duc de Mortemart, une terre dont la maréchale de Vivonne aurait l’usufruit. Le brevet de justaucorps brodé qu’avait Vivonne fut donné au marquis de Vîllequier. Voyez le Journal de Dangeau, au 21 septembre 1688» (Note de l’édition de 1818.)
  2. 8. Trait d’habileté de Louvois. La guerre était résolue, et les préparatifs s’en faisaient avec un mystère impénétrable. On voulait effrayer l’ennemi en tombant à l’improviste sur Philisbourg. En conséquence, des voitures remplies de farine, mais qui semblaient ne contenir que des habillements de troupes, furent dirigées sur Sélestat et Strasbourg. Trente mille hommes marchèrent sur Landau,