Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/170

Cette page n’a pas encore été corrigée

̃ l64

exemple, que notre cousin d’Allemagne[1] soit romanesquement transplanté, et en apparence fort heureux. Nous ne voyons point le dessous des cartes ; mais enfin c’est cette Providence qui l’a conduit par des chemins si extraordinaires, et si loin de nous faire deviner la fin du roman, qu’on ne peut en tirer aucune conséquence, ni s’en faire aucun reproche. Il faut donc revenir d’où nous sommes partis, et se résoudre

[2]3. sans murmure à tout ce qu’il plaît à Dieu de faire de nous.

Je ne sais comme je me suis embarrassée dans ces moralités : j’en veux sortir en vous disant que c’est le marquis de Villars, qui est revenu d’Allemagne[3] , qui nous a dit des merveilles de notre cousin.

le vous dois dire aussi que ma fille a gagné son procès tout d’une voix, avec tous les dépens[4] Cela est remarquable. Voilà un grand fardeau hors de dessus les épaules de toute cette famille; c’étoit un dragon qui les persécutoit depuis six ans ; mais à celui-là qui est détruit il en

  1. 2. Louis de Rabutin, qui avait épousé la duchesse de Holstein.
  2. . Bussy a écrit, par inadvertance, répondre.
  3. 4; Le marquis de Villars, depuis maréchal de France, avait été envoyé à Vienne par le Roi, pour pressentir les dispositions de l’Empereur. Ne pouvant espérer de succès de ce côté, il s’attacha au prince Maximilien, électeur de Bavière, le suivit à Munich, et parvint, avec beaucoup d’adresse, à le mettre dans les intérêts de la France. Maximilien désirait par-dessus tout d’avoir sous ses ordres l’armée de Hongrie, et l’Empereur lui en confia le commandement, à la condition que le marquis ne l’accompagnerait pas. M. de Villars fut donc obligé de revenir à Paris, et les impressions qu’il avait produites furent bientôt effacées par la comtesse de Kaunitz, que l’Autriche avait envoyée à Munich pour combattre les insinuations du négociateur français. Voyez les Mémoires de Villars, les Mémoires de la cour de France par Mme de la Fayette, et le Journal de Dangeau, à la date du 28 juillet 1688. (Note de l’édition de 1818.)
  4. 5. D’Aiguebonne se pourvut contre l’arrêt obtenu par les Grignan en 1687, et leur triomphe ne fut définitif qu’en 1690. Voyez la Notice, p. 373 et 374-.