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est trop occupé des besoins pour s’appliquer aux jolies choses.t Le même P. Bouhours m’a prêté un livre qu’on a fait à Rome contre les quiétistes dont l’original est en italien[1], et celui-ci en est la traduction, belle, facile, noble, et agréable, faite parle P. Bouhours. Il combat la doctrine d’un nommé Molinos, qui est l’auteur de la secte de ces quiétistes

Mais pour revenir au livre du P. Bouhours, de la Manière de bien penser sur les ouvrages d’esprit, je vous dirai que les sentiments du public ne me préviendront ni ne m’entraîneront pas, car je sais que c’est d’ordinaire l’envie ou l’ignorance qui le fait juger.

Mes compliments, je vous supplie, à Mme de Coligny. Je trouvai l’autre jour Mme de Montataire, avec qui je ris beaucoup. Mme de Sévigné dit que, nos âges sont incompatibles avec la joie je crois qu’elle se trompe il y a joie et joie. Les nôtres d’à présent sont plus solides que celles de nos jeunesses, et je suis persuadé avec Épicure que le discernement est nécessaire à la possession du plaisir ; je soutiens même qu’il est essentiel à la volupté[2]. Ce chapitre est curieux, délicat et utile ̃.

  1. 11Ce livre est du P. Segneri, l’un des meilleurs prédicateurs de l'Italie. Il est intitulé l’Accord de l’action et du repos dans tlOraison la traduction française parut en 1687, sous ce titre le Quiétiste ou les illusions de la nouvelle Oraison de quiétude. On lit le nom du P. Bouhours dans le manuscrit de Bussy mais il est probable que Corbinelli lui avait écrit que cette traduction était faite par le P. B* et que Bussy crut que cette initiale était celle du P. Bouhours. Il est plus vraisemblable que le P. Buffier en était l’auteur. On a aussi de lui la traduction d’un autre ouvrage du P. Segneri. Voyez les Mémoires de Nicerôn, tome I, p. 375. (Note de l'édition de 1818.) Dans l’édition de 1697 il y a simplement Le même père. »
  2. 12. Ce ne sont point les plaisirs grossiers qui rendent la vie heureuse, c’est, dit Epïcure dans sa Lettre â Ménécée, un raison-