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qu’elle ne vous enchante point, quoique ce fût une chose bien raisonnable ; qu’elle vous fasse partir [1].

1045 DE CORBÏNELLI ET DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU PRESIDENT DE MOULCEAU.

24e octobre 1687.

DE CORBINELLI.

VOTRE lettre, mon cher scélérat, m’a fait un très-grand plaisir : je l’ai lue et relue avec attention : j’y ai trouvé cette éloquence épistolaire qui charme ceux qui s’y connoissent. Or je prétends être un des plus intelligents sur ce point. Si ma pratique répondoit à ma théorie, je défierois vous et Cicéron, Pascal et Voiture, et tant d’autres. Il est certain que mon silence n’est point un oubli ; je suis ordinairement plongé daus le premier, et toujours hors du second. Je parle de vous quand et tant de fois que je puis (la phrase n’est pas juste il falloit dire comme vous l’eussiez dit). Je dis que vous avez plus d’esprit et d’agrément que tout le Languedoc ensemble, même au temps des états. Je disois la même chose il y a deux jours à votre premier président Nicolaï[2]e , qui m’a prié de vous prier de lui faire faire une douzaine de bouteilles d’eau de thym, persuadé que vous prendrez volontiers ce soin pour l’amour de lui. La Faveur fera bien ce bel ouvrage, et l’argent ne tient à rien, ou tout au plus à la peine de m’envoyer le mémoire.

  1. 14 « Quoique ce fût une chose bien raisonnable d’y réussir. » (Édition de 1754.) La mère et la fille ne se quittèrent plus ensuite jusqu’aux premiers jours d’octobre de l’armée 1688. (Note de Perrin.)
  2. LETTRE 1045. 1. Jean-Aymar, Voyez tome II, p. 487, note