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vous assure que je n’y manquerai pas. Je vois bien les honnêtetés de Sa Majesté, mais je voudrois avoir appris autre chose [1] : Dieu est le maître ; vous m’avez fermé la bouche sur la plainte, en me faisant souvenir de qui on se plaint. Le quinquina a fait à l’égard du Roi ses miracles ordinaires. Mme la maréchale de Rochefort [2] mande à Mme de Nangis la maladie de Monsieur le duc de Bourgogne4 [3] dont elle paroit extrêmement inquiète.

Vous voulez savoir de mes nouvelles, elles sont tout à fait bonnes. Il y a deux jours que je prends des eaux ; elles sont douces et gracieuses et fondantes ; elles ne pèsent point ; j’en fus étonnée et gonflée le premier jour ; mais aujourd’hui je suis gaillarde ; on les rend de tous les côtés; point d’assoupissement, point de vapeur. Si je continue à m’en trouver si bien, je ne me servirai point de celles de Vichy, que l’on fait venir ici en un jour ; jamais union ne fut si parfaite entre deux rivales. On les fait réchauffer dans le puits le plus bouillant de ceux qui sont ici;on les fait boire comme les autres ; celles-ci reçoivent celles-là dans leur sein ; c’est cela qui s’appelle précisément le même degré de chaleur, car les bouteilles y sont comme dans leur propre maison. J’étois dégoùtée du réchauffement de Paris avec de méchants




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  1. 2. On lit dans le Journal de Dangeau, à la date du 3 octobre « Le Roi a donné une gratification de douze mille francs à M. de Grignan. il lui en avoit donné autant il y a deux ans. »
  2. 3. La maréchale de Rochefort (voyez tome II page 37, note 1) était première dame d'atour de la Dauphine
  3. 4. Il avait la fièvre, comme le Roi; le quinquina le guérit. Voyez le Journal de Dangeau, à la date du 17 octobre. La Gazette du 11 octobre, après avoir annoncé l’arrivée du Roi à Fontainebleau (le 2 octobre) avec le Dauphin, etc., ajoute « Monseigneur le duc de Bourgogne, Monseigneur le duc d’Anjou et Monseigneur le due.de Berry sont demeurés à Versailles. Ils sont entièrement guéris de la fièvre, dont ils avoient eu quelques accès. »