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est belle, à la considérer d’un certain côté : il naît une troupe d’enfants qui nous honorent, et qui souvent nous aiment mieux que nos propres enfants ; de l’autre côté, ces grands-pères sont en peine d’un plus grand nombre d’inconvénients et de contre-temps, qui arrivent ou dans leur conduite ou dans leur fortune. Mais le plus sûr est d’aimer les ordres du ciel, et de s’y soumettre : c’est le seul moyen de les trouver plus doux. Je suis bien fâché de n’être pas à ces conversations des Récollets, et à ces conférences de M. de Greffeille, avec vous et les bons esprits. Vous m’auriez perfectionné sur les matières de droit. J’aurois encore pris un grand plaisir d’apprendre à vos missionnaires l’art de ramener ces réformés, et de réparer les torts que la nation monacale nous a faits. Mais quoi ? Dieu ne l’a pas voulu. La mort de Monsieur le Prince a édifié tout le monde, et vous autres comme nous ; j’aurois voulu qu’il eût donné quelque signe de vie au public pour Madame sa femme[1].

Adieu, mon ami : je vous embrasse de tout mon cœur, vous et votre chère famille, femme, fille et petits-enfants, particulièrement vous, comme mon rival, sans rancune.


1008. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Un mois après que j’eus écrit cette lettre (no 1005, tome VII, p. 532), je reçus celle-ci de Mme de Sévigné.
À Paris, ce 15e janvier 1687.

Bon jour et bon an, mon cher cousin, et bon jour et bon an, ma chère nièce. Que cette année vous soit plus

  1. 3. Voyez tome II, p. 39, et la note 2.