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1687 moi : le pauvre abbé de Coulanges, dont la pesanteur et les incommodités nous fout souhaiter de n’aller pas jusque-là. Voilà comme nous philosophons chrétiennement, et voilà comme nous vous prions de faire quand votre petite-fille aura seize ans. Mais il y a bien du temps encore, et vous en savez plus que nous : c’est ce qui m’a fait presser de vous dire tout ceci, afin de profiter de cette même vieillesse pour vous faire un sermon, jugeant bien que si je perdois cette occasion, je ne la retrouverois jamais.

Votre prince de Conti profite fort sagement de tout ce que Monsieur le Prince lui attire de bonté et d’agrément de Sa Majesté[1]. Je suis quelquefois affligée que vous ne régniez point dans la maison de ce soleil levant. M. de la Trousse est heureux d’être aimé de tutti quanti, comme vous me le représentez ; mais surtout d’être aimé d’un scélérat comme vous ; faites-lui mes amitiés, et à M. de Vardes, que j’aime et honore toujours parfaitement. Je fais mes compliments à Madame votre femme. Je suis ravie de lui plaire, et que l’admiration que j’eus toute naturelle pour la pureté de sa langue, qu’elle avoit conservée en ce pays, ne m’ait point brouillée avec elle. Je remercie aussi Madame votre fille, et me réjouis avec elle de vous avoir donné la qualité que je possède depuis si longtemps ; et pour vous, Monsieur, croyez que si je n’avois pas un jaloux qui me contraint, je vous en dirois assez pour le faire enrager. M. de Grignan vient d’arriver : toute cette case vous est acquise, et notre pauvre bon abbé.


de corbinelli.

Il me semble, Monsieur, que la qualité de grand-père

  1. 2. Voyez tome VII, p. 529.