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auroit été trop court ou trop étroit : que vous êtes plaisante quand vous voulez ! Ma chère bonne, je vous embrasse mille et cent mille fois. Dans moins d’un mois, vous serez tous embrassés aussi. Coulanges vous répondra sur Mme de Louvois, et plût à Dieu que je pusse avoir l’honneur de la guérison du chevalier ! cette cure m’auroit bien donné de la peine[1] ; mais en vérité ses maux m’en ont beaucoup donné. Je tiens M. de Grignan guéri et je l’en remercie. Baisez les autres où vous voudrez, et recevez les amitiés du bien Bon, et de la petite belle-sœur. J’ai eu des conversations admirables avec Coulanges sur le sujet qu’il a tant de peine à comprendre[2] ; ce sont des scènes de Molière. Je vous embrasse encore avec une tendresse fort naturelle et fort sensible. Quand viendra sainte Grignan ?


977. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, dimanche 26e août.

Que vous semble du vingt-six, ma chère enfant ? Il est encore meilleur que votre vingt-deux, et vous verrez comme tout le reste ira bien, s’il plaît à Dieu ; s’il plaît à Dieu, car c’est là toute l’affaire. Dites-moi précisément le jour que vous irez à Bâville, afin que j’arrive le lendemain ; ne venez point plus loin, reposez-vous, laissez-moi arriver, et ne vous fatiguez point. Si vous doutiez de ma sincère et parfaite joie, je douterois de la vôtre : ne nous offensons point, rendons-nous justice l’une à l’autre. Pour moi, de peur de troubler mon sang,

  1. 23. Allusion à la scène VI du IIIe acte du Médecin malgré lui.
  2. 24. Sur sa femme peut-être : voyez la Notice, p. 141 et 142.