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1680 Monsieur le Prince ? c’est que l’une ne vouloit renverser que la religion, mais l’autre offensoit les dévots : a l’applicazione, Signora[1]. Mais vraiment, j’ai bien d’autres choses à vous dire que des passages de saint Paul : j’ai à vous parler de la réception qu’on fit hier en cette ville à Mme la princesse de Tarente.

M. le duc de Chaulnes envoya d’abord quarante gardes, avec le capitaine à la tête, faire un compliment ; c’étoit à une grande lieue[2]. Un peu après, Mme de Marbeuf, deux présidents des amis de la princesse de Tarente[3], et puis enfin M. de Chaulnes, Monsieur de Rennes, M. de Coetlogon, Tonquedec, de Beaucé, de Kercado[4], de Crapodo, de Kenpart, de Keriquimini ; sérieusement un drappello eletto[5]. On arrête, on baise, on sue, on ne sait ce qu’on dit ; on avance, on entend des trompettes, des tambours : un peuple qui mouroit d’en-

    prince que je veux dire : « Je voudrois bien savoir pourquoi les gens qui se scandalisent si fort de la comédie de Molière ne disent mot de celle de Scaramouche. » À quoi le prince répondit : « La raison de cela, c’est que la comédie de Scaramouche joue le ciel et la religion, dont ces Messieurs-là ne se soucient point ; mais celle de Molière les joue eux-mêmes : c’est ce qu’ils ne peuvent souffrir. » — Ce passage est ainsi arrangé et abrégé dans l’impression de 1754 : « Vous souvient-il du Tartuffe et de Scaramouche ermite, dont l’un fut défendu, et l’autre joué sans aucune difficulté ? et vous souvient-il de la réponse de Monsieur le Prince au Roi ? A l’applicazione, Signora. »

  1. 4. « Faites l’application, appliquez, Madame. »
  2. 5. « C’étoit à une grande lieue d’ici. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  3. 6. Dans notre manuscrit, par suite de l’omission de plusieurs mots : « Un peu après, Mme la princesse de Tarente, etc. » Les mots de Tarente ne sont pas dans les éditions de Perrin.
  4. 7. Le nom de Beaucé revient à la fin de la lettre suivante. — Quant à Kercado, voyez tome II, p. 338, note 2. — Le nom de Kenpart ne se lit pas ailleurs que dans notre manuscrit.
  5. 8. « Une troupe choisie. » Voyez tome III, p. 290, note 1. — Dans l’édition de 1754 : « Uno drapello eletto. »