connoissez en musique, et vous savez pourquoi vous êtes bien aise. En vérité, j’aurois une extrême envie[1] d’être à Grignan, c’est bien l’humeur de ma mère, il me semble que j’y tiendrois assez bien ma place ; mais Dieu, qui sait que je dois commencer à faire des réflexions et des méditations d’une autre couleur, me jette dans des bois plus conformes à mon état.
Adieu, ma très-chère et très-aimable : vous voulez que je croie que vous m’aimez ; j’en suis persuadée, et je vous aime conformément à cette pensée, jointe à la tendresse la plus naturelle qui fut jamais.
839. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
J’ai tort, ma bonne, en vérité, c’est moi qui suis hérétique ; j’offense les jésuites[2], et vous n’attaquez que le baptême[3] : il n’y a point de comparaison. Vous souvient-il quand on défendoit Tartuffe et qu’on jouoit publiquement le Festin de pierre[4], et de ce que dit
- ↑ 33. « Une extrême joie. » (Édition de 1754.)
- ↑ Lettre 839 (revue sur une ancienne copie). — 1. « Oui, j’ai tort, c’est moi qui suis hérétique ; j’offense vos amis les J… » (Édition de 1754.) — Dans l’édition de 1737, cette lettre commence un peu plus loin : « Vraiment, ma fille, j’ai bien d’autres choses, etc. »
- ↑ 2. Voyez tome VI, p. 531.
- ↑ 3. Ce n’est pas du Festin de pierre, mais de Scaramouche ermite qu’il fut question entre le Roi et le grand Condé, comme Molière lui-même le raconte à la fin de sa préface du Tartuffe. « Finissons, dit-il, par un mot d’un grand prince sur la comédie du Tartuffe. Huit jours après qu’elle eut été défendue, on représenta devant la cour une pièce intitulée Scaramouche ermite ; et le Roi en sortant dit au grand