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connoissez en musique, et vous savez pourquoi vous êtes bien aise. En vérité, j’aurois une extrême envie[1] d’être à Grignan, c’est bien l’humeur de ma mère, il me semble que j’y tiendrois assez bien ma place ; mais Dieu, qui sait que je dois commencer à faire des réflexions et des méditations d’une autre couleur, me jette dans des bois plus conformes à mon état.

Adieu, ma très-chère et très-aimable : vous voulez que je croie que vous m’aimez ; j’en suis persuadée, et je vous aime conformément à cette pensée, jointe à la tendresse la plus naturelle qui fut jamais.


839. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Rennes, mardi 6e août.

J’ai tort, ma bonne, en vérité, c’est moi qui suis hérétique ; j’offense les jésuites[2], et vous n’attaquez que le baptême[3] : il n’y a point de comparaison. Vous souvient-il quand on défendoit Tartuffe et qu’on jouoit publiquement le Festin de pierre[4], et de ce que dit

  1. 33. « Une extrême joie. » (Édition de 1754.)
  2. Lettre 839 (revue sur une ancienne copie). — 1. « Oui, j’ai tort, c’est moi qui suis hérétique ; j’offense vos amis les J… » (Édition de 1754.) — Dans l’édition de 1737, cette lettre commence un peu plus loin : « Vraiment, ma fille, j’ai bien d’autres choses, etc. »
  3. 2. Voyez tome VI, p. 531.
  4. 3. Ce n’est pas du Festin de pierre, mais de Scaramouche ermite qu’il fut question entre le Roi et le grand Condé, comme Molière lui-même le raconte à la fin de sa préface du Tartuffe. « Finissons, dit-il, par un mot d’un grand prince sur la comédie du Tartuffe. Huit jours après qu’elle eut été défendue, on représenta devant la cour une pièce intitulée Scaramouche ermite ; et le Roi en sortant dit au grand