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1676retenue m’échappe[1] : il veut Bourbon, mais c’est par cabale[2] ; ainsi je suivrai les expériences qui sont pour Vichy. Si vos affaires et vos desseins vous eussent permis de venir m’y trouver, et de revenir ici avec moi passer l’été et l’automne, en attendant cet hiver M. de Grignan, vous m’auriez fait un très-sensible plaisir : mais je veux croire que vous ne le pouvez pas, puisque vous n’avez pas écouté cette proposition. Si Mlle de Méri étoit assez préparée pour prendre des eaux, je l’aurois menée avec beaucoup de joie ; elle pourra vous le mander ; mais M. Brayer3 la veut rafraîchir auparavant. Mme de Saint-Géran est toute brûlée aussi du départ de son mari, et de sa véritable dévotion ; vous trouveriez que Mme de Villars les rend bien maigres : écrivez-moi des amitiés pour l’une et pour l’autre ; elles vous aiment fort, et ont des soins de moi incroyables. Le mari s’en va en Savoie[3], et la femme bientôt après. Sa maison est louée. Il n’y a point de nouvelles de Condé, qu’une perte de huit ou dix soldats[4], et le chapeau du maréchal d’Humières percé d’un coup de mousquet Dieu veuille qu’il n’y ait rien de plus funeste ! J’ai vu un jeune M. du Périer, qui m’a conté comme vous apprîtes, en jouant, la nouvelle de mon rhumatisme, et comme vous en fûtes touchée jusques aux larmes. Je ne puis retenir les miennes, quand je vois des marques si naturelles de votre tendresse ; mon cœur en est ému, et je ne-puis vous représenter ce que

  1. LETTRE 527. — Mme de Sévigné eut l’année suivante l’hôtel Carnavalet.
  2. Voyez p. 379, la note i de la lettre du 11 mars précédent.
  3. Le marquis de Villars fut nommé dans ce temps-là ambassadeur extraordinaire en Savoie. (Note de Perrin.)
  4. Il n’y eut a pendant tout le siége que seize officiers atteints, dont quatre mortellement, et quatre-vingts soldats environ, » (Histoire de Louvois, par M. Rousset, tome II, p. 218.)