Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/419

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 413 —


1676encore que trois fois n’est-ce pas comme vous voulez que je me gouverne ? Mon activité est entièrement changée : demandez à Corbinelli, car le voilà qui entre.

de corbinelli.

Il est vrai, Madame, que la voilà comme nous la voulions ; mais si bien changée, qu’elle ressemble plutôt à l’indolence qu’à l’activité, si ce n’est pourtant quand il est question de vous et de ce qui vous regarde. L’un des meilleurs remèdes qu’on puisse lui donner est ce calme rafraîchissant, et elle conçoit déjà quelque goût pour la paresse. Pour moi, qui en fais ma souveraine passion, je m’en réjouis comme d’une chose qui sera bonne à tous ceux qui l’aiment. Elle m’interrompt pour me dicter trois ou quatre bons mots de Mme Cornuel[1] qui firent faire à

  1. Anne Bigot, née en novembre 1605, fille unique de Jacques Bigot, seigneur des Gaschières, intendant du duc de Guise, et de Claude Galmet. Elle épousa, le 4 février 1627, Guillaume Cornuel, trésorier de l’extraordinaire des guerres, qui avait une fille d’un premier mariage. « Guillaume Cornuel, dit M. Livet, était veuf de Marguerite Combefort, veuve de le Gendre ; celle-ci de son premier mariage avait eu une fille, Marie le Gendre, dite Marion (qui allait souvent à Fresnes avec Mme de la Fayette), et donna à son second mari une autre fille, Marguerite ou Margot Cornuel, bien connue dans le monde précieux sous le nom de la reine Marguerite, et qui épousa, après 1652, M. de la Ferronnays, gouverneur du château de Vincennes. » Mme Cornuel, dont nous avons un portrait dans le Cyrus, sous le nom de Zénocrite, eut successivement pour amants Charles Brulart, sieur de Genlis, et le marquis de Sourdis. Elle eut huit enfants, cinq filles et trois garçons ; une de ses filles, Geneviève, épousa en 1685 le marquis de Guerchi ; son dernier fils, Charles-Léon de Villepion, se fit d’épée, et devint mestre de camp en 1690. Restée veuve en octobre 1657, Mme Cornuel mourut en février 1694, âgée de près de quatre-vingt-neuf ans. Voyez la Société française, par M. Cousin, tome II, p. 245 et suivantes ; les Précieux et Précieuses, par M. Livet, chap. iii ; et sur la famille Cornuel et les bons mots de Mme Cornuel, l’historiette de Tallemant des Réaux, et