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1675Mme de Vins vient de m’écrire encore une lettre fort jolie, et, comme vous dites, bien plus flatteuse qu’elle ; elle me dit que, pour ne point souhaiter mon amitié, il n’y a point d’autre invention que de ne m’avoir jamais vue, et toute la lettre sur ce ton-là : n’est-ce pas un fagot de plumes au lieu d’un fagot d’épines ? M. d’Hacqueville croit qu’elle fera fort bien pour nous, quoiqu’elle ait été un peu fâchée que ce qu’on avoit souhaité se soit tourné d’une autre façon. Connoissez-vous le Boulay[1] ? Oui ; il a rencontré par hasard Mme de Courcelles ; la voir et l’adorer n’est qu’une même chose : la fantaisie leur a pris d’aller à Genève ;ils y sont ; d’où il a écrit une lettre à Manicamp[2] la plus plaisante du monde. Mme Mazarin court les champs de son côté ; on la croit en Angleterre : il n’y a, comme vous savez, ni foi, ni loi, ni prêtre ; mais je crois qu’elle ne voudroit pas, comme dit la chanson[3], qu’on en eût chassé le Roi.

Pour Jabac, nous en sommes désolés : quelle sotte découverte, et que les vieux péchés sont désagréables[4] ! Le bon abbé priera Rousseau de tâcher de faire patienter

  1. François Brulart du Boulay, capitaine au régiment d’Orléans. Son père, chambellan de Gaston et capitaine du Luxembourg, était cousin issu de germain du chancelier Sillery ; « il était de plus frère cadet du célèbre gastronome Broussin, inventeur de la sauce Robert. » (M. P. Paris, tome Il de Tallemant des Réaux, p. 295.) Sur la liaison de du Boulay avec Mme de Courcelles, voyez tome II, p. 513, note 5, et le chapitre vi du tome IV de Walckenaer.
  2. Voyez tome III, p. 32, note 5.
  3. Chanson de Blot. (Note de Pcrrin.) —Sur Blot, voyez tome II, p. 199, note 11.
  4. Il s’agissoit d’une ancienne dette pour marchandises livrées à Mme de Grignan. (Note de Perrin, 1754.)— « L’inventaire des archives de la maison de Grignan démontre que le chevalier Perrin, s’il a été bien informé, entend, dans sa note, parler de la première femme du comte de Grignan. Il s’agissait d’une réclamation du sieur Jabach pour une somme de quatre mille livres qui lui était due comme complément d’une obligation faite à son profit par M. le comte de Grignan et feu son épouse. Cette affaire ne fut terminée que le 31 mars 1677, au moyen d’une constitution de deux cent cinquante livres de rentes, par M. le comte et Mme la comtesse de Grignan, au profit de Mlle de Grignan, fille de Mme de Grignan-Rambouillet. Après cette constitution, le sieur Jabach donna quittance voyez le Catalogue des archives de la maison de Grignan, p. 33. (Walckenaer, tome V, p. 461.)