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lière est à Saint-Germain ; Mme de Thianges ici chez son père : je vis l’autre jour sa fille, elle est au-dessus de tout ce qu’on peut imaginer de plus beau. Il y a des gens qui disent que le Roi fut droit à Nanteuil ; mais ce qui est de fait, c’est que la belle est à cette maison qui s’appelle le Genitoy[1]. Je ne vous mande rien que de vrai : je hais et méprise les fausses nouvelles. C’est pour Mme de Renti[2].

Vous voilà donc partie, ma fille ; j’espère bien que vous m’écrirez de partout ; je vous écris toujours. J’ai si bien fait que j’ai retrouvé un petit ami à la poste, qui prend soin de nos lettres. J’ai été ces jours-ci fort occupée à parer ma petite maison ; Saint-Aubin[3] y a fait des merveilles ; j’y coucherai demain. Je vous jure que je ne l’aime que parce qu’elle est faite pour vous ; vous serez très-bien logée dans mon appartement, et moi très-bien aussi. Je vous conterai comme tout cela est tourné joliment. J’ai des inquiétudes extrêmes de votre pauvre frère : on croit cette guerre si terrible, qu’on ne peut assez craindre pour ceux que l’on aime ; et puis tout d’un coup j’espère que ce ne sera point tout ce que l’on pense, parce que je n’ai jamais vu arriver les choses comme on les imagine.

  1. 9. Terre et château isolé dans la Brie, entre Bussy-Saint-Georges et Jossigny, au sud et tout près de Lagny. On a voulu en rattacher le nom à la naissance du comte de Vexin ; mais cette terre le portait dès le seizième siècle, comme le prouvent des titres de propriété remontant au 25 juillet 1528. C’était une seigneurie dont l’abbé le Beuf donne l’histoire sans interruption depuis le treizième siècle ; à l’époque où il écrivait (en 1754), les Sanguin de Livry la possédaient encore ; d’après lui, le premier et vrai nom était Genestay. Voyez Walckenaer, tome IV, p. 343.
  2. 10. Saint-Simon, tome VIII, p. 355, parle d’un marquis de Renti, frère de la comtesse de Choiseul (voyez plus haut, p. 2, note 5) ; est-ce de sa femme qu’il est ici question ? Saint-Simon dit qu’il laissa un fils.
  3. 11. L’oncle de Mme de Sévigné : voyez la note 16 de la lettre 195.