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armées quand ces Messieurs étoient au collège, et qui leur a appris ce peu qu’ils savent.

Il faut qu’on me croie quand je parle ainsi ; du moins ne sauroit-on penser que ce soit une amitié aveugle qui me fasse parler en faveur du parti que je tiens[1] : c’est la seule vérité qui m’y oblige ; et il y a dix ans que j’ai appris ce que je viens de vous dire, Madame, au maréchal de Clérembaut[2], qui me disoit déjà que la charge de maréchal de camp général de M. de Turenne[3] n’avoit que des prétentions chimériques.

  1. 4. Voyez la note 6 de la lettre 43.
  2. 5. Philippe de Clérembault, « fort à la mode sous le nom de comte de Palluau, avant qu’il prît son nom lorsqu’il devint maréchal de France (en 1653). » C’était du comte de Palluau que Bussy avait acheté sa charge de mestre de camp général de la cavalerie. Il était mort en 1660, à l’âge de cinquante-neuf ans. Voyez sur lui Saint-Simon, tome XIX, p. 426.
  3. 6. Après avoir énuméré tous les services rendus par Turenne à la cour jusqu’à la bataille des Dunes, Saint-Simon ajoute, tome V, p. 316 : « Il fallut une nouvelle récompense à de nouveaux services et si importants. L’épée de connétable étoit bien le but du modeste héros ; mais la timidité du cardinal Mazarin ne put se résoudre à la mettre entre des mains si puissantes et si habiles. Le souvenir de ce qu’avoient pu les derniers connétables de Montmorency et leurs prédécesseurs, le souvenir même de M. de Lesdiguières faisoient encore peur à la cour. Elle en sortit par renouveler en faveur de M. de Turenne la charge de maréchal général des camps et armées de France, imaginée et créée pour M. de Lesdiguières, lorsque le duc de Luynes, abusant de la jeunesse de Louis XIII… se fit connétable. Ce fut à Montpellier, le 7 avril 1660, que M. de Turenne reçut cette charge de la main du Roi, qui y étoit avec la Reine sa mère, le Cardinal et toute sa cour, allant à Bordeaux pour son mariage.

    « Alors M. de Turenne, supérieur aux maréchaux de France qu’il commandoit tous, cessant de l’être lui-même, mais n’étant pas connétable, et ne pouvant en porter les marques, ne voulut plus de celles de maréchal de France, dont il quitta les bâtons à ses armes et le titre de maréchal, qu’il avoit toujours porté depuis plus de dix-sept ans qu’il l’étoit, pour reprendre celui de vicomte de Turenne, qu’il avoit porté avant d’être maréchal de France. »