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autres doivent un remerciement[1] ; MM. de Luxembourg, Duras, la Feuillade, d’Estrades, Navailles, Schomberg et Vivonne ; en voilà huit bien comptés[2]. Je vous laisse méditer sur cet endroit. Le grand maître[3] étoit au désespoir, on l’a fait duc ; mais que lui donne cette dignité ? Il a les honneurs du Louvre par sa charge ; il ne passera point au parlement[4] à cause des conséquences, et sa femme ne veut de tabouret qu’à Bouillé[5]. Cependant c’est une grâce, et s’il étoit veuf, il pourroit épouser quelque jeune veuve.

Vous savez la haine du comte de Gramont pour Roche-

  1. 21. M. de Louvois, voulant faire M. de Rochefort maréchal de France, n’y pouvoit parvenir qu’en proposant les sept autres, qui étoient plus anciens lieutenants généraux que M. de Rochefort. (Note de Perrin.)
  2. 22. « Ce jour-là (30 juillet), le Roi honora de la dignité de maréchal de France le comte d’Estrades, gouverneur de Dunkerque, de Maestricht et de la province de Limbourg ; le duc de Navailles ; le comte de Schomberg, général de l’armée de Sa Majesté en Catalogne ; le duc de Duras, gouverneur du comté de Bourgogne et capitaine des gardes du corps ; le duc de Vivonne, général des galères de France et vice-roi de Sicile ; le duc de la Feuillade, colonel du régiment des gardes françaises ; le duc de Luxembourg, et le marquis de Rochefort, aussi capitaines des gardes du corps. » (Gazette du 3 août.)
  3. 23. « Le lendemain (31 juillet) Sa Majesté ordonna qu’on expédiât des lettres de duc et pair de France au comte du Lude, grand maître de l’artillerie, ci-devant premier gentilhomme de sa chambre. » (Ibidem.)
  4. 24. C’est-à-dire que les lettres qui lui conféraient le titre viager de duc ne devaient point être vérifiées et enregistrées au parlement. Sur ces « ducs non vérifiés, que l’usage appelle mal à propos à brevet… qui n’ont ni fief ni office, rien de réel dans l’État, qui n’ont que des honneurs extérieurs et l’image des autres ducs, dont ils ne sont qu’une vaine et fictive écorce, » voyez Saint-Simon, tome XI, p. 304 et suivante.
  5. 25. Renée-Éléonore de Bouillé, première femme du comte du Lude, passoit sa vie à Bouillé, par un goût singulier qu’elle avoit pour la chasse. (Note de Perrin.)