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ne peut être comparable à la violente affliction de toute cette armée[1]. Le Roi a ordonné en même temps à Monsieur le Duc d’y courir en poste, en attendant Monsieur le Prince, qui doit y aller ; mais comme sa santé est assez mauvaise, et que le chemin est long, tout est à craindre dans cet entre-temps : c’est une cruelle chose que d’imaginer cette fatigue à Monsieur le Prince[2] · Dieu veuille qu’il en revienne ! M. de Luxembourg demeure en Flandre pour y commander en chef : les lieutenants généraux de Monsieur le Prince sont MM. de Duras et de la Feuillade. Le maréchal de Créquy demeure où il est. Dès le lendemain de cette nouvelle, M. de Louvois proposa au Roi de réparer cette perte, et au lieu d’un général en faire huit (c’est y gagner[3]). En même temps on fit huit maréchaux de France, savoir : M. de Rochefort, à qui les

    le 21 février de l’année suivante (1676), capitaine des gardes du corps quelques mois après, chevalier des ordres en 1688, duc en 1691. Il épousa en 1676 Geneviève de Frémont, fille d’un garde du trésor royal, et mourut à soixante-quatorze ans, le 22 octobre 1702. Voyez sur son attachement pour Turenne, sa conversion, son mariage, l’avis donné par lui au conseil de guerre d’Hurtebise, et toute sa carrière, les Mémoires de Saint-Simon, particulièrement tome IV, p. 34 et suivantes. — Dans la note du tome II sur son frère (p. 85), il faut lire, au lieu de fils du marquis de Duras mort en 1690 (comme il a été dit d’après Moréri) : » du marquis de Duras mort vers 1633. »

  1. 18. Sur la mort de Turenne et le combat d’Altenheim, voyez dans la Correspondance de Bussy une lettre du comte d’Épinac, datée du 5 août 1675, tome III, p. 62.
  2. 19. Dans l’édition de 1754 : « C’est une cruelle chose que cette fatigue pour Monsieur le Prince. » Les mots suivants : « Dieu veuille qu’il en revienne ! » manquent dans l’édition de 1734.
  3. 20. On a souvent dit que Mme Cornuel appelait ces huit maréchaux de France la monnaie de M. de Turenne. Elle ne faisait que répéter ce que disait Mme de Sévigné, si l’on en croit l’abbé de Choisy dans des mélanges inédits où j’ai déjà puisé. « Après la mort de M. de Turenne, dit cet écrivain, le Roi fit huit maréchaux de France, et Mme de Sévigné dit qu’il avoit changé un louis d’or en pièces de quatre sous. » (Note de l’édition de 1818.)