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vraisemblablement on ne leur ôtera pas, et au pis aller des titres et des honneurs qu’on ne leur sauroit ôter. Le Roi a grand’raison d’être mal satisfait d’eux, et ils reconnoissent bien mal l’obligation infinie qu’ils lui ont de les avoir faits ce qu’ils eussent eu peine à mériter d’être après dix ans encore de grands services à la guerre de plus qu’ils n’avoient rendus. Ce seroit une question de savoir si étant aussi redevables au Roi qu’ils l’étoient, ils eussent été excusables de refuser de lui obéir aux choses qui eussent effectivement intéressé l’honneur de leurs charges ; mais désobéir à leur bon maître en chose où ils ont tout à fait tort, c’est une tache dont leur ignorance ne sauroit se laver. Je leur apprends que les maréchaux de camp généraux ont été faits pour faire la fonction de connétable. Lesdiguières[1], n’étant encore que maréchal de camp général, commanda le maréchal de Saint-Géran[2] au siège de Clérac, qui venoit d’être son camarade. À plus forte raison M. de Turenne, qui commandoit des

  1. 2. François de Bonne de Lesdiguières, maréchal en 1608, puis duc, mort à quatre-vingt-quatre ans, le 28 septembre 1626. Il eut deux fois pour gendre (en 1595 et en 1623) Charles de Blanchefort sire de Créquy (maréchal en 1622), et maria sa troisième fille (en 1619) à son propre petit-fils, François, fils aîné de Charles de Blanchefort Créquy et de Madeleine de Bonne. François n’eut point d’enfants de sa tante, morte dès 1621 ; mais c’est à lui que passa le duché de Lesdiguières. Voyez la note 12 de la lettre 269. — Sur ce titre de maréchal général, créé en faveur de Lesdiguières au commencement de la campagne de 1621, voyez p. 49, note 6, et M. Bazin, Histoire de Louis XIII, tome I, p. 382. — Le siège de Clairac, sur le Lot, fut fait avant celui de Montauban ; la ville se rendit après douze jours, le 5 août 1621. L’année suivante, le 24 juillet, Lesdiguières reçut, au sortir de la cérémonie de son abjuration, les lettres de connétable. (M. Bazin, p. 395, 417.)
  2. 3. Jean-François de la Guiche, seigneur de Saint-Géran, maréchal de France, grand-père du comte de Saint-Géran d’alors ; il mourut à soixante-trois ans, le 2 décembre 1632.