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d’octobre : Aix vous eût paru étrange au sortir d’ici. La solitude et le repos de Grignan délayent un peu les idées[1], vous avez eu bien de la raison. M. de Grignan vous est présentement une compagnie ; votre château en sera rempli, et votre musique perfectionnée. Il faut pâmer de rire de ce que vous dites de l’air italien ; le massacre que vos chantres en font, corrigés par vous, est un martyre pour ce pauvre Vorei, qui fait voir la punition qu’il mérite. Vous souvient-il du lieu où vous l’avez entendu, et du joli garçon qui le chantoit, qui vous donna si promptement dans la vue ? Cet endroit-là de votre lettre est d’une folie charmante. Je prie M. de Grignan d’apprendre cet air tout entier : qu’il fasse cet effort pour l’amour de moi ; nous le chanterons ensemble.

Je vous ai mandé, ma très-chère, comme nos folies de Bretagne m’arrêtoient pour quelques jours. M. de Fourbin[2] doit partir avec six mille hommes pour punir cette province, c’est-à-dire la ruiner. Ils s’en vont par Namtes : c’est ce qui fait que je prendrai la route du Mans avec Mme de Lavardin ; nous regardons ensemble le temps que nous devons prendre. M. de Pompone a dit à M. de Fourbin qu’il avoit des terres en Bretagne, et lui a donné le nom de celles de mon fils[3]. La châsse de

  1. 2. Noms avons vu plus haut ce même mot délayer appliqué à pensées, dans une lettre au comte de Guitaut, où il pourrait bien avoir le même sens qu’ici, au lieu de celui que nous lui avons attribué dans la note 3 de la p. 255. — Dans l’édition de 1754, cette phrase se termine autrement : « Vous avez eu bien de la raison d’en user ainsi. »
  2. 3. Le bailli de (Fourbin ou) Forbin, capitaine-lieutenant de la première compagnie des mousquetaires du Roi, et lieutenant général des armées de Sa Majesté. (Note de Perrin.) — Ce morceau, depuis : « M. de Fourbin, » jusqu’à : « de mon fils, » est placé à la fin de la lettre dans la seconde édition de Perrin (1754).
  3. 4. C’est-à-dire les lui a recommandées comme si elles lui appartenaient, à lui Pompone.